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Pourquoi Jésus a-t-il été crucifié?

nico_deme 15.02.2012 Thème : Jésus Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

Bonjour,

Votre question peut être répondue sur deux plans: historique et théologique.

Du point de vue historique, il semble que les propos de Jésus contre le Temple (et donc contre les autorités religieuses liées au Temple, mais plus largement contre une conception ritualiste figée de la religion) a joué un rôle primordial. Les évangélistes synoptiques l'indiquent en plaçant le geste de la "purification du Temple" au commencement de l'histoire de la Passion, les faux témoins de l'accusation lors du procès l'accusent aussi de propos sur la destruction du Temple. En remettant ainsi en question, le culte du Temple, Jésus remettait en question un pouvoir sacerdotal lié à ce culte et plus fondamentalement toute une image de Dieu. Mais, de la même manière, sa conception de la Loi et ses propos très violents aussi contre les maîtres de la Loi, c'est-à-dire les pharisiens devaient aussi lui attirer de solides inimitiés. Là encore, il s'agit d'un élément central de la religion: Dieu est-il le Dieu exclusif de la Loi qui exclut tous ceux qui ne lui obéissent pas ou le Dieu inclusif qui s'approche des pécheurs pour les transformer. L'attitude de Jésus vis-à-vis des pécheurs, des femmes de mauvaise vie, etc..., le fait qu'il partage leurs tables alors qu'il se disait Porte-parole de Dieu choquait profondément les pharisiens, qui étaient remis en question dans leur autorité, maisplus fondamentalement dans leur conception de la Sainteté de Dieu. Jésus donc s'était attiré au nom de sa conception religieusel'inimitié (voire la haine) des autorités des principaux mouvements religieux du judaïsme de son temps. Ces derniers l'ont donc livré à l'autorité pollitique romaine pour le jugement et la mmise à mort en le faisant passer pour un dangereux subversif. Il semble que les évangélistes dédouanent un peu trop vite la responsabilité des Romains (principalement pour éviter les persécutions des premières Eglises). Le pouvoir politique ne pouvait non plus admettre les troubles que pouvait produire le message de Jésus au sein de la population, donc ils ont certainement été actifs dans son exécution (peut-être en le prenant pour un zélote?). Voilà pour le point de vue historique. Le message religieux de Jésus remettait en question les autorités tant religieuses que politiques et les deux se sont liguées pour le crucifier.

D'un point de vue théologique, à la lumière de Pâques, les premiers chrétiens ont interprété cette mort comme voulue par Dieu.  On a pu ainsi l'exprimer dans des catégories "sacrificielles" , mais qui ont pris une place souvent démesurée dans la théologie des Eglises. Sur ce sujet, je me permets de recopier une réponse faite sur ce site à un autre internaute qui nous reprochait de ne pas tenir compte assez de la notion de sacrifice où j'essaie de proposer d'autres pistes pour comprendre théologiquement la mort de Jésus:

Voici cette réponse:

"D'abord, il me semble que l'essentiel, et cela nous unit entre chrétiens de confessions et de tendances théologiques différentes, c'est de reconnaître la libération que nous recevons en Jésus Christ, de par sa vie, son enseignement, sa mort et sa résurrection: libération du péché (coupure de relation avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes), du non-sens, de l'angoisse de la mort. Cette confession fait de nous des "chrétiens".

Ensuite, il y a plusieurs manières d'interpréter la "mort" de Jésus en Croix, diversité d'interprétations qui existent déjà dans le christianisme primitif, comme vous le reconnaissez vous-meme en parlant des évangilres ou des épîtres. De fait, la crucifixion de Jésus a été un tel choc pour les premiers croyants qu'ils ont dû, à la lumière de la Résurrection, trouver dans les Ecritures une explication à cette mort : d'où la relecture de certains textes de l'AT, notamment les Psaumes du Juste Souffrant (cf. nombreuses citations dans les récits de la Passion), Esaïe 53, où pointe l'idée de substitution, ou la dimension des sacrifices de l'ancienne alliance (comme dans l'épître aux hébreux où Jésus est à la fois le grand prêtre et la victime). Autant de manières de rendre le "pour nous" , "pour notre libération" de la mort de Jésus. 

Le thème sacrificiel est donc un parmi d'autres, mais dans l'histoire de l'Eglise, il a eu tendance à prendre toute la place. Et pour moi, c'est cela qui pose problème, d'autant plus que les fidèles (et les théologiens) n'avaient plus accès spontanément au sens de la pratique des sacrifices de l'AT. Ce qui me pose problème, c'est qu'alors on détache la mort de Jésus de l'ensemble de sa vie, de son message, de son acrtion libératrice, pour fixer l'attention sur la seule mort. On la sépare aussi de la résurrection. On oublie de voir que sa mort est bien la conséquence (acceptée et assumée) de tout son ministère et on en fait un moment unique de "sacrifice". De plus l'interprétation sacrificielle présente un Dieu qui aurait besoin de la mort d'un innocent pour remballer sa colère, cela donne l'image d'un Dieu "cruel"! Comment comprendre et adorer un Dieu qui veut la mort de son Fils pour apaiser sa colère contre l'humanité? Il y a là qch de morbide, surtout si l'on transforme ce qui au départ était un message de salut (avec des images sacrificielles parlantes pour les gens de l'époque et destinées à exprimer la libération opérée par la mort et la résurrection) en système théologique fermé, comme au Moyen-Age.

Toutefois, dans votre question, vous parlez du "sacrifice de Dieu pour le salut des hommes", et là on peut s'orienter vers une autre compréhension: si en effet, Jésus est le Fils, c'est bien Dieu lui-même qui entre dans notre histoire et qui prend sur lui toutes les conséquences du péché humain, jusqu'à la mort, au don de soi par amour! On peut parler alors d'un "sacrifice" (comme certains sacrifient leur vie pour que d'autres vivent ou pour leur patrie), mais pas dans le sens d'un apaisement d'une divinité courroucée, puisque c'est Dieu lui même qui entre dans la mort.... Voilà qui ouvre d'autres perspectives.

Dans le cadre de ce site, il est difficile d'aller plus loin, mais je pense aussi que la dimension "sacrificielle" peut garder un sens, mais c'est une interprétation parmi d'autres de la croix, et il est dommage qu'elle prenne toute la place!"

 



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