Que penser des démarches de Rome en faveur de Mgr Lefebvre?
Depuis l'accession de Benoit XVI, de nombreux rapprochements ont été faits par ce dernier avec les traditionalistes de feu monseigneur Lefevbre.
Ce pas de deux m'inquiete car depuis quelques temps, il me semble voir de plus en plus de jeunes prêtres en soutane noire, signe de reconnaissance de ces nouveaux Prélats.
De plus, de plus en plus de jeunes se sentent séduits par les discours identitaires et lénifiants de ces zélotes d'un genre nouveau.
Sans tomber dans la parano, j'ai peur que nous fassions nous les catholiques un sacré retour en arrière. Car ces bons paroissiens comptent faire du neuf avec du vieux.
Et vous, amis protestants qu'en pensez-vous?
Oui, de nombreux efforts ont été entrepris par l'Église catholique, et en particulier par Benoît XVI, pour tenter de faire "revenir" les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X (les "lefèvristes", séparés de Rome) dans le giron de Rome. Pour l'heure, la balle est dans le camp des traditionalistes, qui doivent avaliser un accord sur certains points de doctrine qui rendra possible leur "retour" dans la communion avec le pape.
Que ces démarches inquiètent les chrétiens, c'est indéniable: elles disent la préoccupation du Saint Père pour ces quelques milliers de fidèles qui se se sont séparés d'avec son Église en raison de cet événement à nos yeux salutaire qu'a été le concile Vatican II. Or renégocier les acquis de ce concile, pour redonner droit de cité aux traditionalistes schismatiques, serait une perte indéniable pour l'Eglise. Il est vrai que "le vent" souffle dans cette direction auprès d'une partie des prêtres plus jeunes: comme si les audaces d'ouverture que leurs pères avaient eues il y a cinquante ans les effrayaient actuellement... Mais les décisions conciliaires ne sont-elles pas plus importantes que les sentiments de quelques religieux en manque d'identité?
Il faut dire en plus que ces efforts de Benoît XVI expriment son attention, certes louable, pour chercher à retrouver une unité au sein de tous les chrétiens: ce n'est pas un élément marginal. Mais on peut être surpris (du côté protestant, puisque c'est la question que vous posez) que ces démarches s'appliquent si unilatéralement aux fidèles de Mgr Lefèvre, et que rien de semblable ne soit entrepris, par exemple avec les Eglises issues de la Réforme du XVIe siècle, pour faciliter la recomposition de l'untié au sein de la chrétienté occidentale. Or de nombreux points de rencontre pourraient se trouver: en effet, bien des décisions prises au concile, il y a maintenant cinquante ans, allaient exactement dans la direction soutenue par les Réformateurs un demi-millénaire plus tôt!