Faut-il attendre pour être exhaucé?

Je vous poserai pour commencer une contre-question: plutôt que de dire que Dieu met du temps à exhaucer notre prière, ne vaudrait-il pas mieux affirmer que c'est nous qui mettons souvent du temps à reconnaître et à comprendre qu'il nous exhauce? Parfois en effet l'exhaucement est bien différent de ce que nous envisagions... Et il nous faut alors du temps pour nous en apercevoir et l'accepter. Car l'exaucement de notre prière prend parfois la forme d'une transformation de notre personne et l'acceptation d'une situation que nous aurions rêvée différente!
Rappelez-vous ceci: la «norme» de la prière chrétienne est la prière de Jésus; même sa prière de Fils de Dieu connaît parfois le non-exhaucement, et cela au moment crucial où Jésus demande au Père que «passe loin de lui cette heure» tragique, que puisse lui être épargné le calice amer de la mort violente. Or cela ne se produira pas: il n'évitera pas la croix. Mais dans sa prière Jésus ajoute qu'il remet tout à l'accomplissement de la volonté de Dieu: la prière n'est pas la sublimation du désir humain, la demande que Dieu accomplisse notre volonté, mais le chemin à travers lequel se produit la reconnaissance et l'acceptation de la volonté de Dieu. Il s'y produit une connaissance toujours meilleure de Dieu et de notre relation avec lui.
On découvre alors que notre prière elle-même change, au cours des années, et qu'elle change notre propre personne. Ce n'est qu'ainsi que la prière est une vraie relation avec Dieu, qui reste vive et qui ne s'atrophie pas.