Tout est grâce
Chère Johary,
Comme je vous sens perdue, habitée du sentiment de ne pas être à la hauteur . Vous êtes, me semble-t-il, dans une véritable impasse existentielle et spirituelle. Pour en sortir, un net demi-tour s'impose. Il vous faut vivre une véritable conversion. Quand je dis "véritable conversion", je pointe une démarche de foi qui puisse s'inscrire dans la durée sans être destructrice. Car la véritable conversion n'est pas que la fulgurance d'un instant, mais une compagne de route tout au long de la vie. Comme le dit Jésus: on reconnaît l'arbre à ses fruits; or le moins qu'on puisse dire c'est que les fruits de votre foi ne sont pas très agréables à déguster!
J'aimerais vous faire découvrir qu'au coeur de l'Evangile on ne trouve PAS un Dieu juge et implacable, un Christ moralisateur et excluant ou un Saint Esprit espion et inquisiteur!
J'aimerais vous faire découvrir que le coeur de l'Evangile autour duquel tout s'articule (et par lequel il faut comprendre chacun de ses aspects), c'est que Dieu est amour et que tout ce que nous vivons est grâce. Dans cette perspective et comme il le dit lui-même, Jésus n'est pas venu pour condamner mais pour sauver et même si notre coeur nous accuse, Dieu est plus grand que notre coeur (1Jn 3,20). Voulez-vous savoir ce que Dieu pense de vous ? Je le sais: il vous aime; il croit en vous (sans doute plus que vous même). Ce que Dieu attend de vous ? Dieu n'attend de vous que la confiance, pour le reste, il espère beaucoup et sans doute réalise-t-il déjà beaucoup par votre intermédiaire (je fais ici référence à vos poèmes).
Rappelez-vous: ce qui vous rend juste devant Dieu, précieuse à ses yeux, c'est l'amour qu'il vous porte. Tout le reste vient en plus. Vous pourriez vous construire une vie de chrétienne parfaite, mais au bout de la route, ce qui compte c'est que Dieu vous aime (1 Co 13), cela ne disparaitra jamais. La proximité et l'amitié de Dieu en Jésus ne disparaissent pas (Rm 8,38-39). Lorsque cela ne va pas bien, surtout lorsque cela ne va pas bien avec lui, parlez lui, dites lui vos doutes et vos lassitudes, vos questions et vos espoirs. C'est dans cette prière confiante, sans honte, ni peur; qu'il vous donnera de la force.
Une dernière chose encore, il me paraît essentiel que vous trouviez des chrétiens ouverts et bienveillants. Attention à ceux qui transforment l'Evangile en instrument de peur, de contrainte et d'oppression.
Pardonnez-moi si j'ai pu vous sembler très direct et peut-être un peu bousculant.
Fraternellement en Christ,
Didier Halter