Serons-nous jugés selon la foi, les œuvres ou les deux?

Votre question a été âprement discutée non seulement sur ce site, mais déjà à différents moments de l’histoire de l’Église… Et vous avez raison de souligner que la Bible est ambigüe sur cette question : Paul, par exemple, parle de la « justification par la foi », alors que l’apôtre Jacques, dans sa Lettre, semble dire que c’est ce que l’on fait qui nous assure le salut… J’aime assez votre hypothèse qu’on serait jugé sur ces deux éléments à la fois. Tout d’abord, parce que, même si nous faisions les plus grandes œuvres d’amour, nous ne serions malgré tout jamais en mesure d’atteindre la perfection qui nous mériterait le salut : la grâce de Dieu devrait quoi qu’il en soit « compléter » ce que notre imperfection ne nous a pas permis de réaliser pour notre salut…
Il faut donc reconnaître que c’est parce que nous croyons dans l’amour inconditionnel de Dieu pour nous que nous savons que nous pouvons être sauvés. Alors oui, c’est bien la foi qui nous sauve, et c’est sur notre confiance dans l’amour de Dieu que nous serons jugés (et au cours de ce jugement, nous découvrirons justement combien Dieu nous aime !). La grâce que nos recevons ainsi gratuitement nous réconcilie maintenant déjà avec nous-mêmes, avec les autres, avec le monde et avec Dieu : cela nous amène à avoir de nouvelles relations avec ceux qui nous entourent, et à vivre de manière cohérente par rapport au don qui nous est accordé. La joyeuse certitude de la foi nous pousse pour ainsi dire à réaliser dans notre vie les « œuvres » dont parle la Bible à maints endroits.
Disons-le autrement : puisque c’est gratuitement que nous sommes sauvés, la reconnaissance pour ce don gratuit nous pousse à agir nous aussi gratuitement, avec générosité envers les autres : ce sont là les œuvres d’amour qui accompagnent la foi. Toutefois, ces œuvres ne sont pas la condition pour le salut, mais bien plutôt la conséquence en nous de la certitude de notre foi.