Un non-baptisé peut-il communier?
Votre manière de poser la question est en soi significative. Elle montre que
pour vous les choses ne vont pas de soi et qu'il y a une logique dans nos gestes,
particulièrement ceux qui touchent à l'éducation, qu'il s'agit de respecter.
Vous parlez de ces étapes que vous avez vécues en 1985: baptême, confirmation,
communion. En fait cette gradation est ancrée dans une tradition beaucoup plus
ancienne.
Le baptême, particulièrement celui des adultes, marquait dans l'Eglise primitive,
l'entrée dans la communauté. Il était le "billet d'entrée" à la Cêne. Les non-baptisés
ne pouvaient même pas assister en spectateurs au sacrement.
Vous avez présenté votre enfant plutôt que de demander pour lui le baptême.
Sachez que dans certaines Eglises aujourd'hui, particulièrement celles de tradition
orientale, le nourrisson baptisé reçoit la Cêne. Dans la tradition protestante,
seul compte le baptême pour l'admission au sacrement; la confirmation est un
rite plus tardif (18ème) qui théoriquement ne peut interdire l'accès à la Cêne.
Ces quelques données théoriques devraient donc vous amener à renoncer à amener
votre enfant à la Cêne. Cependant, il y a la théorie et il y a la vie. Il s'agit
de faire envie à l'enfant. Si l'exclure risue de la bloquer, autant passer par
dessus les principes. Si lui montrer que les rites sont importants, que dans la foi
aussi on peut grandir, l'amène un jour (sans nécessairement attendre l'âge adulte
ou l'adolescence) à demander lui-même le baptême, une frustration aujourd'hui
ne sera pas nécessairement négative à long terme.
A titre personnel, je dirai que mes propres enfants ont parfois pris le pain
et la vin avant d'être baptisés. Maintenant qu'ils sont adultes, je ne sais
pas ce qu'ils ont gardé de tout cela. Ils ont eux-même demandé le baptême vers
l'âge de 10 ans. Je crois que c'était bien ainsi et que Dieu lui-même saura trier
tous ces illogismes.