Renoncer à pratiquer ou changer de communauté ?

croyante, j'ai depuis 15 ans de plus en plus de mal à me reconnaître au sein
de cette église qui, au lieu de s'ouvrir au monde, se raidit dans des pratiques
obsolètes (retour au latin, ostracisme à l'égard des divorcés, des couples non mariés,
des enfants non baptisés, etc.) Et pour faire suite à l'une des questions récemment
posées sur les miracles de Jean-Paul II je dirais que ceci ne s'explique que
par le désir de l'institution de s'approprier l'esprit de tolérance qui marquait l'ancien
pontificat pour mieux le reléguer dans l'Histoire. Il s'agit au fond d'un magnifique
"coup de pub" qui consiste à canoniser ce qu'on souhaite enterrer! Aujourd'hui
l'église catholique est une insitution qui cherche à s'assurer le pouvoir au
moyen de ses dogmes, un pouvoir sans concession qui s'arroge le droit de sanctifier
ou de condamner.
Alors dans ces conditions que faire? Renoncer à pratiquer (ou pratiquer par
intermittence ou avec tant de scrupules que cela revient au même !) dans une
communauté où l'on se sent étrangère ou changer? La question ne s'est jamais
posée avec autant d'acuité qu'à présent que nous attendons un enfant : je me dis que
veux pouvoir lui transmettre une foi vivante et heureuse sans éprouver ce hiatus
permanent entre la foi que je ressens et ceux qui s'en font le porte-parole.
Il m'est difficile, comme protestante, de vous aiguiller dans votre dilemne
: je me dois d'entendre vos difficultés, et vous encourager à rester dans une
communauté où vous ne vous sentez pas bien n'a pas de sens, d'un point de vue
protestant; en même temps, il est hors de question pour moi de vous encourager
à changer d'Eglise si cela revient pour vous à quitter l'Eglise catholique...
que vous dire, alors ?!
Je comprends bien ce qui vous dérange dans l'Eglise catholique. En même temps,
tous les catholiques ne sont pas comme cela. Il y a des prêtres et des communautés
qui sont très ouverts, il y a une immense variété de personnes dans cette Eglise
très grande, mais aussi très diverse, si on y regarde d'un peu plus près. La première
chose à faire, à mon avis, serait d'essayer de trouver un lieu ou des personnes,
au sein même de l'Eglise catholique, dans lequel vos préoccupations puissent
être entendues, discutées, partagées... et je suis sûre que ça existe, pour en connaître
un certain nombre !
Si tout ce dont vous parlez devient vraiment par trop insupportable, inutile
d'y rester, c'est vrai. Mais il y a une chose, ensuite, qu'il ne faut pas oublier
: l'Eglise catholique a certes des défauts; mais toutes les autres Eglises que
vous pourrez trouver en auront aussi, les Eglises protestantes en tête de liste
! Aucune communauté n'est parfaite, car toutes sont faites d'humains, égoïstes,
maladroits, tentés par le pouvoir. Nos Eglises, pourtant, sont là, vivantes
malgré leurs défauts. C'est à nous de les faire vivre, de les aimer, comme on
aime une soeur qui nous énerve parfois terriblement, comme on aime une vieille
tante acariâtre, simplement parce qu'elle est notre tante. Changer de communauté
est parfois inévitable, car nous avons tous des sensibilités différentes qui sont
parfois par trop incompatibles avec l'Eglise dans laquelle nous avons été élevés.
Mais ça ne résout de loin pas tout, et ça ne nous aide pas à nous battre, au
sein de notre Eglise, pour que les choses changent, avec tous ceux qui, comme nous,
ont envie de plus d'ouverture ou de plus de souplesse.