Qui a créé Dieu ?

Hier soir, j'étais assise à table, après une journée éprouvante, je regardais
le sale temps qui faisait dehors et je me disais : qu'est-ce que c'est que ce
monde, où nous devons vivre, où c'est parfois si dur, parfois si beau, où il
y a le mauvais temps et le soleil, la haine et l'amour, la fatigue et l'entrain,
tout cela à la fois ? C'est un peu pour répondre à cette question que des êtres
humains, de tout temps, ont cherché Dieu malgré les incohérences du monde. Certains,
en réfléchissant à cette question, ont dit : ce monde, qui nous paraît absurde, ne
l'est pas, il a été voulu, désiré, il est bon, il est beau, et nous devons en
prendre soin. C'est cela que signifie pour moi l'idée du Dieu créateur : ce
Dieu qui crée un monde bon pour que l'humain puisse y vivre. Cela veut dire que
notre monde n'est pas en train de dériver simplement quelque part entre le soleil
et le vide spatial, il n'est pas simplement né du hasard de quelques obscurs
phénomènes sidéraux, et voué au néant après quelques milliards d'année d'existence.
C'est un monde qui a un sens, qui est là parce qu'une intention y a précédé :
celle d'un Dieu qui a choisi d'aimer l'humanité.

Je ne vous ai pas répondu, me direz-vous... c'est qu'on ne peut pas répondre.
Dire que Dieu a créé le monde, ce n'est pas dire qu'un ouvrier a pris ses outils
et a fabriqué le monde - ce qui voudrait dire que quelqu'un d'autre encore aurait
pu créer cet ouvrier. C'est répondre à une question brûlante pour tout être humain,
qui est : pourquoi suis-je ici, en train de vivre cette vie ? à quoi cela peut-il
bien servir, d'être là, alors que c'est parfois si dur ? A cette question, on
pourrait répondre : ça ne sert à rien, ce n'est que le fruit du hasard, nous,
humains, ne sommes qu'une des espèces parmi les milliards d'organismes vivant
sur cette terre. Mais certains, il y a presque 3000 ans, ont voulu répondre
autre chose; et, à leur suite, j'ai mis ma confiance dans cette autre idée, qui me
pousse non pas à m'asseoir dans un fauteuil en attendant que ça passe, mais
à me lever pour prendre soin de ce monde et de ses habitants.