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Qu'appelle-t-on les nécessités de l'heure ?

08.02.2007 Thème : Éthique: choix, responsabilité, liberté et morale Bookmark and Share
Réponse de : Jacques KÜNGJacques KÜNG
La réponse suivante peut être donnée à votre question : les nécessités de l'heure,
ce sont les réalités sur lesquelles on me dit que je n'ai aucun pouvoir.
Mais il faut se méfier de ce genre de réponses.
Si j'écris : "A cause des nécessités de l'heure, votre question est restée plus
de deux semaines sur le site alors qu'il y a engagement à fournir une réponse
dans les 5 jours", allez-vous comprendre :
- les répondants ont dû faire face à tant d'imprévus qu'ils n'ont pas encore
eu le temps de répondre à ma question, ou
- excuse facile pour cacher une organisation déficiente...?
On peut poser le même type de question à propos de ce que l'on appelle "les
lois du marché" : on utillise ce terme pour dire que le fonctionnement économique
de notre société est tel que nous ne pouvons rien y changer et qu'il faut donc
se soumettre. Mais on occulte ainsi le fait que tout choix économique est lié à
des décisions prises par des humains ; il est donc possible de ne pas se résigner
face aux "lois du marché" et d'imaginer des pistes nouvelles pour travailler
à une mondialisation à visage humain.
J'aimerais dire la même chose par rapport aux "nécessités de l'heure" : s'il
faut certes reconnaître qu'il y a des réalités sur lesquelles nous n'avons aucune
prise, il est tout aussi important de maintenir actives nos capacités de discernement,
d'indignation et d'imagination.
Veillons à ce que l'on ne nous serve pas les "nécessités de l'heure" pour justifier
des choix de société qui ne respectent pas la dignité de toute personne humaine
où qu'elle vive.
Si sur ce site nous partageons régulièrement cette conviction que seul Christ
est Seigneur, alors aucune "nécessité de l'heure" ne peut avoir de valeur absolue.
C'est devant Dieu que nous avons à rendre compte de nos choix de vie, et non
face à des réalités sur lesquelles on nous dit que nous n'avons aucun pouvoir.
Vous l'avez compris : tant que possible, je refuse la résignation, je choisis
plutôt la protestation et l'imagination.
Cela ne signifie pas que je me prétende capable de tout changer, cela signifie
que ma vie s'inscrit dans une perspective de confiance et d'espérance. C'est
de l'Evangile de Jésus-Christ que je reçois cet appel à ne pas baisser les bras
face aux "nécessités de l'heure" et à participer à une recherche de justice et de paix
tout en priant : "Que ton règne vienne!"



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