A partir de quelle température Dieu n'est plus responsable ?

Dans votre nouvel édito, vous citez : "Loué sois-tu, Seigneur, avec toutes tes
créatures,
spécialement messire frère Soleil et frère Vent". Or, dernière canicule en Europe
: 40 000 morts. Dernier tsunami en Asie : 250 000 morts. J'aimerais donc avoir
votre avis : à partir de quelle température ce n'est plus Dieu qui est responsable,
et à partir de quelle vitesse du vent ? Merci pour une réponse (même si ces questions
vous embarrassent et vous contrarient...)
Votre question ne m'embarasse pas du tout; par contre, elle est contrariante,
ça, c'est vrai... Elle a d'ailleurs contrarié beaucoup de générations avant
nous. Pour ma part, c'est cette contrariété fondamentale qui m'a poussée à étudier
la théologie - et je suis toujours aussi contrariée qu'avant ! Non pas parce
que mes professeurs n'ont pas fait correctement leur travail, mais peut-être
simplement parce que cette question ne peut être résolue. Nous ne savons pas
pourquoi il y a le mal sur la terre, pourquoi il y a des tsunamis et des canicules.

Ce que les chrétiens, à la suite de Jésus, essaient de dire, ce n'est pas POURQUOI,
mais c'est COMMENT vivre avec cette réalité du mal, qui est là, omniprésent.
Ce que François d'Assise chante, dans le cantique que vous citez, ce n'est pas
une louange pour un Dieu qui aurait supprimé le mal, mais c'est un cri d'émerveillement
face à toutes les choses belles que nous pouvons voir, malgré tout - malgré
le mal et les horreurs - dans notre monde. C'est vrai qu'il faut garder notre
capacité à nous révolter devant les horreurs que nous voyons dans le monde, et
c'est exactement ce que François d'Assise n'a cessé de faire toute sa vie, comme
des myriades d'autres êtres humains sur cette terre. Mais l'on peut aussi se
réjouir de toutes les beautés, de toutes les solidarités, de tous les élans d'amour
et d'entraide qui ne cessent de proliférer - peut-être en beaucoup plus grand
nombre que les horreurs, d'ailleurs... - dans notre monde. Et c'est justement,
pour ma part, PARCE QU'il y a des tsunamis et des canicules que je crois au
Dieu de Jésus-Christ, que j'ai besoin de savoir que ce n'est pas Dieu qui veut
cela, qu'il veut la beauté du soleil et du vent, et non la destruction. Mais
cela dit, je ne sais toujours pas qui est responsable - et en fait, je ne pense
pas que ce soit important de le savoir. Ce qui est important, c'est de savoir comment
m'ouvrir à la capacité de me révolter contre le mal, et donc d'agir pour lutter
efficacement contre lui.