La source est en nous ou hors de nous ?

Je crois que la bible donne une réponse intéressante parce qu'elle est paradoxale
: il y a d'une part toute une tradition qui dit qu'effectivement c'est en nous,
et toute une autre tradition qui dit que c'est hors de nous.
D'un côté je trouve dans certains textes ce Dieu tout-autre dont les pensées
ne sont pas mes pensées, qui est aussi lointain que l'orient ne l'est de l'occident
; et d'un autre côté, je suis nommé temple du Saint-Esprit, appélé à diminuer
parce que ce n'est plus moi qui vis mais Christ qui vit en moi, etc.
Il y a dans ce paradoxe une pédagogie de Dieu, qui souhaite que nous ayons une
théologie équillibrée.
Car...
Si Dieu est "trop" autre, il ne me rejoint jamais, nous n'avons plus rien en
commun, et ce Dieu n'est plus le Dieu relationnel du peuple hébreu et chrétien.
Et si Dieu est "trop" du dedans, vous avez tout à fait raison que l'on ne va
plus reconnaître ce qui est de nous et ce qui est de lui. D'où le risque de
l'auto-justification, vous l'avez très bien saisi.
Donc, le Seigneur nous offre une thérapeutique de la foi par ce paradoxe qui
consiste à avoir les deux représentations (Dieu intérieur et Dieu extérieur).
C'est comme s'il nous offrait un bon café quand nous sommes endormis, et une
infusion de fleur d'oranger quand nous sommes excités. Si nous sommes trop dans l'altérité,
il nous dit que le "Notre Père qui est aux cieux" est venu comme "Dieu parmi
nous", comme "Dieu au milieu de nous, au coeur de nous" (Emmanuel).
Et si nous sommes dans la confusion proche d'un bouddhisme où tout est dans
tout, il nous rappelle que sa Parole est extérieure, qu'elle nous dérange et
qu'elle nous apprend à sortir de nos complaisances.