Quelles informations pouvons-nous tirer du surnom de Judas ?

r>Bonjour !

Je ne sais pas si votre question est sérieuse... Non, Judas ne s'appelait "Jus
d'Abricot", mais il était surnommé "L'Iscariote". C'est un surnom d'autant plus
intéressant qu'il est difficile à interpréter.

On a suggéré, il y a fort longtemps, qu'Iscariote était un surnom d'origine
: Ish-Qeriyôt, "l'Homme de Qeriyoth", Qeriyoth étant un toponyme moabite, localisé
au sud de la Judée, à l'est de la mer Morte (cf. Josué 15,25 ; Jérémie 48,24
; Amos 2,2).
Judas aurait donc été le seul apôtre non galiléen du groupe. Ce n'est pas impossible,
vu que la "bande à Jésus" était très composite.

Une autre interprétation : Judas serait "le Sicaire" (du latin sicarius, "le
porteur de poignard"), nom qu'on donnait à de jeunes terroristes juifs vers
les années 60 et qui est donc anachronique à l'époque de Jésus.
Il pourrait aussi être "le Menteur" ou "l'Hypocrite" (de l'araméen ishqar),
épithète injurieuse appliquée au traître après coup.

Les recherches ont progressé depuis ces anciennes explications. La clé du problème
se trouve peut-être dans les listes de Marc 3,19 et de Matthieu 10,4, qui permettraient
de reconstituer un travail de traduction. Dans le contexte, "Iscariote" n'apparaït
pas comme un surnom, mais comme un adjectif développé par une proposition relative
qui a la fonction d'une traduction : "Judas, c'est-à-dire Celui qui a livré
Jésus". Ce que les grammairiens appellent une clausule ou une glose explicative
; ce genre de notice accompagnait souvent les listes de noms hébreux. En hébreu,
"je livre" se dit "hisgartî" ; la racine verbale SGR, "livrer", est aisément
reconnaissable dans "Iscariote". Ce ne serait donc pas un nom propre !

Saint Luc aurait perçu cette clausule comme un surnom transcrit phonétiquement
(Luc 6,16).

Saint Jean, pour sa part, en aurait fait l'indication d'origine du père même
de Judas, qui s'appelait Simon (Jn 13,2.26).

Judas nous apparaît actuellement comme un homme d'affaires, le "businessman"
du groupe. Il gérait en effet la caisse commune (Jean 12,6 et Actes 1,17), une
responsabilité très importante dans les associations antiques. Il était qualifié
de "voleur", comme les percepteurs ; il était donc peut-être issu du même milieu
que Matthieu, le monde de la finance.

Bien amicalement.