Mon papa m'a touché là où il ne faut pas : que faire ?
Bonjour,
Mon père "pasteur" à la retraite actuellement a eu des attouchements sexuels
avec moi quand j'avais entre 10 à 15 ans. Bien sûr, il n'y a pas eu acte sexuel
en lui-même. Après de longues années de silence de ma part, plus de 30 ans.
J'ai décidé enfin de lui parler, aidé par un psy.
Bien sûr, ses réponses sont fondées, explicatives et justifièes d'après lui
par l'Amour au sens large du terme. Evidemment étant fils de pasteur, je me
dis il faut lui pardonner, ne pas avoir de rancune ou d'amertume, et puis j'ai
bien vécu normalement jusqu'à maintenant, etc...
Je n'ai plus envie d'avoir de contact avec mon père mais je culpabilise.
Est-ce que Dieu ou Jésus m'en "voudront" de laisser tomber mon père ou dois-je
absolument lui pardonner et passer à autre chose, avoir une relation à peu près
normale avec lui alors qu'il ne manque pas et qu'il ne m'apporte plus rien ?
Qu'en pensent les religieux de ce problème ? et est-ce que vous connaissez des
cas similaires dans l'Eglise ?
La discrétion sera de rigueur de mon côté sur vos réponses.
Merci de votre aide, Julien
Bonjour Julien,
Merci de votre confiance. Cela doit être particulièrement difficile d'évoquer
ce que vous avez vécu.
Je commencerai par vous dire que vous avez été doublement victime de votre père,
qui vous a fait subir des actes à la fois pédophiles et incestueux, le tout
à caractère homosexuel.
Vous étiez très jeune, et vous plaisiez sans doute à votre père. Mais ce n'était
pas une raison pour lui de pratiquer des attouchements sur vous, d'autant plus
qu'il exerçait sur vous l'autorité parentale. Et j'ajoute : que vous ayez été
joli à ses yeux ne doit pas vous conduire à culpabiliser. Ce que votre père vous
a fait subir, c'est mal.
Il y a d'autres manières de rendre hommage à la beauté des gens, et en particulier
celle des enfants ou des jeunes, qu'elle soit masculine ou féminine.
Une personne adulte n'a pas le droit de faire participer des enfants à sa vie
sexuelle, malgré tout ce que les pédophiles peuvent raconter et publier sur
la sexualité des enfants.
Et puis, vous dites que votre père est pasteur. Ce qu'il vous a dit sur l'amour
me fait penser à un livre célèbre d'André Gide, "La Symphonie pastorale", où
il est question d'un pasteur qui accueille une jeune fille, en tombe amoureux
et se met à délirer en brodant sur le thème de l'amour de Dieu.
Je peux vous dire que ce que votre père vous a fait subir, ce n'était pas de
l'amour : il a cédé à ses pulsions, ce qui est compréhensible peut-être, mais
pas excusable.
Si vous laissez tomber votre père, vous perdez l'occasion de mettre les choses
au point avec lui. Et votre mère, elle en dit quoi ? Est-ce qu'elle sait ce
qui s'est passé, et elle le couvre, ou bien, vous ne l'aviez plus à l'époque ?
Vous ne parlez pas de vos frères et de vos soeurs.
Vous ne dites pas non plus si votre père a agressé d'autres enfants ou d'autres
jeunes.
C'est une bonne chose que vous ayez pris la décision d'en parler avec votre
thérapeute. Ce n'est pas à moi de vous dire de lui pardonner. Mais il me paraît
important que vous puissiez dire clairement à votre père qu'il vous a fait du
mal. Vous garderez ainsi des chances de reconstruire votre relation dans la vérité.
Peut-être bien que lui-même vous demandera pardon, et qu'il vous sera reconnaissant
de vos reproches filiaux.
Tout de bon pour vous deux. Bien amicalement.
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