Peut-on ne pas juger ?
cette catégorisation, cette classification et l'exclusion. Même les gens qui
tentent de répandre les idées les plus généreuses de partage, de solidarité,
d'amitié entre les peuples finissent par juger et catégoriser "l'autre" qui n'entre
pas dans sa façon de voir, dans son schéma de pensée ou qui n'a pas la même
vision des choses.
Et ça commence dans la cour d'école : "Si tu ne portes pas des Nike, tu ne peux
pas jouer avec nous parce que tu es trop ringard", "si tu ne t'habille pas comme
nous, alors on ne te parle pas", "si tu ne joue pas au foot, alors tu es vraiment
trop nul", etc.
Que de crimes (physiques, ou moraux d'ailleurs, on peut très bien tuer quelqu'un
sans lui ôter la vie) n'a-t-on pas commis par ce genre de bêtise ?
Ce monde va mal. Pourtant, pour qu'il aille beaucoup mieux, ne suffirait-il
pas que les gens acceptent de ne pas considérer l'autre en fonction de ce qu'il
a ou n'a pas, de ce qu'il fait ou ne fait pas, de ce qu'il croit ou ne croit
pas, mais seulement de le considérer parce qu'il est, qu'il est autre, et qu'il
a une valeur infinie aux yeux de Dieu? Ce serait tellement simple.
Pourquoi l'homme n'a-til pas compris? Pourquoi n'est-ce pas enseigné dans les
écoles, sur la place publique, dans les journaux?
Il y a 2000 ans, Jésus a dit : "Aimes ton prochain comme toi-même", "Moi, je
ne juge personne", etc.
Il y a 2000 ans que la Bible enseigne tout cela. Pourquoi l'homme, en 2000 ans,
n'a-t-il toujours pas compris ? Pourquoi, même dans la plus-part des cercles
de chrétiens convaincus que je fréquente, cela n'est-il pas pris en compte,
pas plus que n'importe ou ailleurs?
L'intelligence humaine serait-elle déficiente ou insuffisante pour le comprendre
?
Beaucoup de gens affirment croire en l'Homme. Je commence à avoir beaucoup de
mal à le faire.
Qu'en pensez-vous ? S'il y a de l'espoir, dans quelle direction faut-il chercher
?
Merci de votre aide.
Cher Arthur,
Entièrement d'accord sur votre analyse de la catégorisationŸ qui exclut l'autreŸ.
D'accord encore avec le fait que ceux qui s'affirment les plus tolérants sont
absolument intolérants avec ceux qui se permettent de porter un jugement. Peut-on
alors sortir de cette exigence de classifier l'autre qui a effectivement tant d'effets
pervers ? Vous avez bien saisi que le fait que chaque créature possède une valeur
infinie aux yeux de Dieu devrait nous faire cesser de considérer l'autre en
fonction de ce qu'il a, fait, croit, mais le respecter dans son droit à exister
en plénitude.
Il m'a été dit: Ne juge pas et tu ne sera pas jugéŸ. Or je ne puis m'empêcher
de porter une foule de jugements. Cela m'est nécessaire pour vivre. Je dois
juger telle pomme de meilleure qualité que telle autre, tel collaborateur meilleur
que tel autre, tel parti politique plus apte à relativement bien gouverner que
tel autre... Mais je crois que derrière mon jugement peuvent se trouver deux
attitudes complètement contradictoire et c'est finalement cela qui est déterminant.
Je puis porter un jugement critique pour me faire valoir, pour dominer l'autre, pour
améliorer ma place dans la compétition darwinienne... Je suis alors enchaîné
à moi-même et pécheur pour me vouloir Dieu, capable de juger de toutes choses.
Je puis aussi porter un jugement critique parce qu'il faut bien choisir, que la
situation l'exige et que je ne puis tout acheter, engager un nombre excessif
de collaborateurs, donner une tranche égale de pouvoir à tous les partis politiques.
Dans ce second cas, je devrai mettre tout en oeuvre pour bien montrer que mon
choix ne me fait pas usurper la place de Dieu. Je porte alors un jugement que
je veux le plus rationnel possible, parce que libre à l'égard de moi-même. J'ai
toujours, à ce propos, été reconnaissant à ce chrétien qui a pris du temps po
ur m'expliquer pourquoi lui et ses collaborateurs avaient retenu un autre candidat
que moi, mieux adapté à leurs yeux à la situation. Il m'a permis de comprendre
que ma voie était autre que celle que j'envisageais. Il m'a même permis de discerner
que la volonté de Dieu était autre que la mienne...
Jugeons donc le moins possible. Ne jugeons en tous les cas jamais quelqu'un
de manière définitive. Quand nous devons juger, montrons que c'est à cause du
monde et de la vie finis dans lesquels nous sommes plongés et non à cause de
notre péché. Quand nous devons juger, tentons de faire comprendre les raisons
de notre choix.
Quant à croire en l'hommeŸ, je ne pense pas que ces gens fort nombreux qui
disent y croire aient raison. Si nous ne sommes pas détachés de nous-mêmes parce
qu'attaché à Dieu seul (si nous ne croyons pas en Dieu), nous ne pourrons jamais
porter un jugement libre du type de ceux que je viens de décrire au paragraphe précédent.
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