Attendre la fin du monde ou y contribuer ?

rebelles envers leurs parents,
amis du plaisir plus que de Dieu. N'est-ce pas aujourd'hui plus qu'hier une
réalité? Les personnes autour de nous, sans être des chrétiens très spirituels
ou très engagés nous rappellent cette réalité et s'inquiètent à propos de l'avenir.
Faut-il alors se préparer à des temps très difficiles?
D'un autre côté, j'aimerais croire à des temps meilleurs. A la construction
progressive du Royaume de Dieu car le Seigneur est ressuscité. Les chrétiens
n'ont pas à servir l'humanité pour que ce monde demeure ce qu'il est, mais pour
qu'il change et devienne ce qui est promis. C'est très différent, non? Est-ce que
la construction du Royaume promis doit donc passer par des temps difficiles?
(sans douleur pas d'évolution?) Est-ce que ce renouvellement du monde se réalisera
effectivement (dans les faits et de façon visible) uniquement par le retour du
Christ? Notre utilité (ou notre rôle) dans tout cela alors?
J'attends avec impatience votre réponse car cela me préoccupe beaucoup et je
passe "trop" de temps à lire des livres qui ne cessent de se contredire et je
me retrouve toujours au même stade. Pourriez-vous également me communiquer des
références de livres traitant ce sujet de façon très sérieuse et sans être influencés
par certains courants...
Merci beaucoup par avance de votre obligeance.
Avec mes voeux de bénédictions.
Eschato
Bonjour eschato,
Décidément les questions eschatologiques qui vous préoccupent ne retiennent
guère notre attention à questiondieu.com puisque nous vous répondons si tardivement
! Mais voici une tentative d’éclaircissement.
Permettez-moi de réagir en premier lieu à votre description de l’attente
par votre entourage du retour très proche du Christ précédé de persécutions.
Je ne puis personnellement dire que les temps actuels sont  objectivement Ÿ
plus difficiles que l’histoire qui nous a précédée. Il y a eu à toutes les époques
des chrétiens pour penser que leur époque était celle où le Christ allait revenir
ou celle où ce monde allait prendre fin et il n’est pas encore revenu. C’est
notre lecture du temps actuel qui nous le fait relire comme difficile. Il ne l’est
pas objectivement plus que celui par exemple qui a précédé les réformations
du XVIe siècle. Et puis le retour du Christ, n’est-ce pas d’abord son retour
dans ma vie pour qu’elle devienne nouvelle et au travers de ma vie dans notre
monde pour qu’il change ?
Nous voici amenés à traiter de vos aspirations à un temps meilleur,
un temps à la construction duquel nous serions partie prenante. Il est vrai
que Dieu veut nous utiliser pour gérer sa création et y résister au mal. Mais
simultanément les textes bibliques nous disent que ce n’est pas nous qui faisons pousser
(I Cor 3,6), que ce que nous avons semé pousse même quand nous dormons ( Mc
4,26ss.). Ne nous considérons pas comme les constructeurs du royaume ! C’est
Dieu qui en est l’auteur. Ne considérons pas non plus que notre tâche est insensée
parce qu’infinie : nous n’aurons jamais fini de lutter contre le mal, le péché
et la mort. L’important, c’est d’être là où je me trouve à disposition de Dieu
pour qu’il agisse au travers de moi.
Ce que je suis en train de vous dire, c’est qu’il ne faut pas attendre
sans ne rien faire le retour du Christ (il convient d’être à disposition pour
qu’il puisse revenir) et que simultanément il ne faut pas croire que nous allons
faire advenir le royaume par nos propres forces. Il convient d’être à disposition
de Dieu dans le présent sans souci de l’avenir (Mt 6,25ss.). Quant aux tribulations,
souffrances et persécutions, il est fort possible que nous en rencontrions si
nous désirons être à disposition de l’action de Dieu contre les puissances négatives
de ce monde.
Je n’ai pas grand-chose en matière de lecture à vous conseiller allant dans
ce sens sinon le chapitre 8 du petit traité de Jean Ansaldi Dire la foi aujourd’hui,
Petit traité de la vie chrétienne (Editions du Moulin 1995) ainsi que les pp.
149ss. du livre de Jean-Paul Gabus Dans le vent de l’Esprit (Les Bergers et les
Mages 1992)