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La fin peut-elle justifier les moyens ?

01.12.2005 Thème : Éthique: choix, responsabilité, liberté et morale Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Denis KraegeJean-Denis Kraege

malheureusement je n'ai pas les sources...
j'ai déjà deux ou trois fois que Saint Grégoire, évêque de Nazianze au IVème
siècle, a écrit : " Un peu de jargon est tout ce qui est nécessaire pour en
imposer aux gens. Moins ils comprennent, plus ils admirent. " et des choses
du genre "mentir pour propager/imposer l'évangile n'est pas grave" d'un autre théologien
de l'ancienne église.
bien sur, on est tous des humains, mais cela met en doute la sincérité de ceux
qui ont "fondé" les dogmes etc du christianisme. vous en pensez quoi?
Merci!
Grégoire de Naziance ou un autre, peu importe. Ce genre de propos réapparaît
malheureusement fréquemment dans l’histoire des Églises et plus largement de
la pensée (chez Spinoza par exemple). On peut les résumer en affirmant que la
fin justifie les moyens. Que la fin soit l’admiration de l’auditoire pour celui qui
écrit ou parle ou la pure proclamation de l’évangile importe peu. Dans un cas
comme dans l’autre la fin ne saurait justifier les moyens. L’évangile doit être
compris (non pas gobé parce qu’imposé) et il n’y a pas tellement de moyens de
permettre à ses auditeurs ou interlocuteurs de le  comprendre Ÿ. En tous les
cas le mépris de son auditoire ne conduit pas à sa compréhension. Dès qu’il
découvrira le dédain dans lequel il a été tenu, il rejettera le bébé avec l’eau
(sale) du bain. Et s’il fallait encore un argument contre de tels comportements
abjects, il ne serait que de citer celui des 10 commandements qui affirme :
 Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain Ÿ et qui incite plus largement
à dire la vérité et à se refuser au mensonge.
J’entends déjà ceux qui me citeront des cas particulier dans lesquels il pourrait
être bon de mentir pour sauver la vie d’autrui, voire la sienne propre. Je ne
pense pas que l’on puisse tirer de cas particuliers une règle générale. Je n’affirme
pas non plus qu’il n’existe pas d’exceptions à une règle qu’on se donne. Mais
ce dont nous discutons, c’est de règles générales que l’on se donne.
Tous ceux qui ont édicté les dogmes du christianisme n’ont certainement pas
voulu jargonner pour en imposer aux gens, mentir pour imposer l’évangile… Mais,
comme il en est qui dans l’histoire des Eglises l’ont fait et le font toujours,
il est bon de toujours faire preuve d’esprit critique à l’égard de tout ce que
nous livrent les traditions chrétiennes. Cela ne signifie nullement virer au
relativisme généralisé. Cela signifie se forger des convictions, en particulier
en confrontant les écrits bibliques entre eux et les affirmations traditionnelles
aux textes bibliques.



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