Le péché, c'est quoi ?

Le péché, il faut commencer par dire ce qu'il n'est pas! On a, en effet, tellement
dit de bêtises à son propos qu'il faut un peu élaguer! Le péché ne consiste
ainsi pas à transgresser des commandements comme celui de ne pas commettre de
meurtre, de ne pas mentir, de ne pas voler, de ne pas convoiter le bien d'autrui...
Tout cela, c'est du mal qui est la conséquence du péché. Cela se situe, en effet,
à l'horizontale de ce que nous sommes. C'est du mal fait au prochain, voire
à soi-même. Le christianisme vient dire (avec le judaïsme biblique) que ce n'est
pas là la racine du mal que nous faisons et dont nous sommes constamment capables.
Il désigne le lieu du mal fondamental (qu'il appelle péché) comme étant la relation
- que l'on peut dire verticale - avec Dieu. Lorsque cette relation est mauvaise
(faite de révolte, de bouderie, d'indifférence) ou quand elle est rompue, il
y a péché. Comme l'a écrit le penseur danois Soeren Kierkegaard, le contraire
du péché, ce n'est donc pas la vertu, mais bien la foi. Pécher, c'est ne pas mettre
toute sa confiance en Dieu, c'est ne pas tout suspendre à Lui, tout faire dépendre
dans notre vie de Lui seul. Ce déficit de confiance en Dieu aura des répercutions
sur la confiance que nous pouvons avoir en nous-mêmes et sur la confiance que
nous aurons en autrui et que les autres pourront avoir en nous. De nombreux
maux s'en suivront. Le péché peut aussi être décrit comme un manque d'amour
pour Dieu. Quand on n'aime pas Dieu comme il le faut, on ne vit pas de son amour.
On ne peut alors s'aimer comme il le faudrait ni aimer son prochain en vérité.
Dans les termes du livre de la Genèse, au troisième chapitre, le péché consiste
à vouloir être comme Dieu, à se vouloir son égal, à vouloir se passer de Lui,
à vouloir prendre sa place. On parle parfois de péché originel, il n'est pas nécessaire
de comprendre qu'il serait un péché hérité depuis les origines. C'est d'abord
un péché fondamental et un péché dont nous constatons qu'il caractérise tous
les humains. Celui, en effet, qui prétendrait ne pas être pécheur prétendrait qu'il
pourrait se passer de Dieu (et de son pardon) et ne ferait que manifester ainsi
la réalité de son péché. Plus encore: il le redoublerait...