Comment expliquer la progression de "Fils de l'homme" en "Fils de Dieu"?

Bonjour,

 Je ne connais pas l'article de "Bonne Nouvelle" auquel vous faites allusion, je vais toutefois essayer de répondre à votre question. Si cela était à côté, merci de la repréciser!

En fait ces deux expressions sont des "confessions de foi" pour caractériser Jésus, pour témoigner de sa mission et de son être. Il n'y a pas de progression de l'une à l'autre, comme si "fils de l'homme" montrait son caractère humain et "fils de Dieu" son caractère divin, elles viennent plutôt de deux horizons différents, mais essaient toutes deux de rendre compte du fait que Jésus est l'Envoyé de Dieu pour le salut du monde. Une première expression pour dire cela est "Christ", "l'Oint", le "Messie" qui fait référence à l'attente du peuple juif d'un Messie qui viendrait apporter une ère de paix et de justice. On oublie cette dimension de confession de foi de ce terme, car il est systématiquement accouplé à Jésus: Jésus-Christ! Cela signifie que Jésus est confessé comme le Messie promis à Israël. 

Le terme "fils de l'homme", ne signifie pas simplement "fils d'un humain", mais est une expression apocalyptique (qu'on trouve notamment dans le livre de Daniel) pour désigner une personne à la fois humaine et "céleste" qui vient inaugurer une nouvelle ère, souvent liée à la destruction de ce monde-ci et au jugement. Lorsque ce terme sert à désigner Jésus, c'est donc pour affirmer qu'en Jésus a lieu le jugement de ce monde et qu'il vient établir une ère nouvelle! Simplement, le sens apocalyptique est détourné, puisque c'est l'homme Jésus, dans sa faiblesse, avec son évangile de l'Amour inconditionnel qui est confessé comme le "Fils de l'homme" des apocalypses.

Le terme "Fils de Dieu" dans la mentalité juive ne signifie pas une parenté "biologique" avec Dieu, mais une idée relationnelle. Ce terme servait à désigner notamment dans l'Ancien Testament le peuple Juif dans sa relation à Dieu, marquée par l'alliance et l'obéissance. Dire que Jésus est "Fils" veut aussi montrer cette dimension de plein accomplissement de l'obéissance au Père dans sa mission, sa relation intime avec Celui qui l'a envoyé. Ce n'est que plus tard, au contact du monde païen, que ce terme prend la signification de "parenté ontologique" avec Dieu, ce qui pouvait servir au témoignage auprès des païens et exprimer aussi une dimension du mystère de Jésus, mais qui risquait aussi de créer des problèmes de transcriptions des catégories juives aux catégories de la philosophie grecque (cf. le problème de l'essence et des "natures" comme le formulent les dogmes!).

Rien ne nous empêche aujourd'hui de trouver d'autres formules plus proches de nous pour exprimer qui est Jésus pour nous! (Par exemple dans une dimension cosmologique, celle de Theilhard de Chardin : Jésus, point Omega de l'univers....)