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Que penser du livre "le chemin" de Josémaria Escriva?

beyonder 20.10.2009 Thème : Théologie et Philosophie Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

 

Bonjour,

 Ce livre écrit par le fondateur de l'opus dei me laisse très perplexe. Certes le but de ce livre et de l'opus dei en général est noble: Il s'agit de répondre à l'appel du Christ à la sainteté, dans tous les états de vie, notamment dans le cadre du travail et de l'engagement dans la société. On pourrait dire qu'on peut retrouver ce que les protestants appellent traditionnellement la "sanctification". Dans un petit livre sur protestantisme et mystique, j'écrivais ces lignes au sujet de Luther et de sa critique des voeux monastiques

« Ce que reproche essentiellement Luther à la vie monastique de son temps, c'est de faire croire que l'homme peut réaliser son salut par une pratique ascétique et une piété ritualiste. Il juge donc les voeux monastiques à partir de la "justification par la foi" et les considère comme une "œuvre", une tentative désespérée de l'être humain pour s'acquérir des mérites. Il combat aussi, au nom du "sacerdoce universel", l'idée de deux catégories de chrétiens : d'un côté, les moines ou les religieux qui seraient des chrétiens parfaits et, de l'autre, les laïcs qui ne seraient que des demi-chrétiens. La théologie catholique de l'époque établit une distinction entre les "préceptes évangéliques" qui concernent tout le peuple chrétien et les "conseils évangéliques" qui ne sont applicables que par une élite spirituelle. Luther rejette vigoureusement cette distinction. Pour lui, l'Evangile (d'abord comme promesse, mais aussi avec ses préceptes de vie) s'adresse à tous entièrement et sans distinction.Le but de Luther est de conduire tous les croyants à une ascèse (pénitence) et à une vie spirituelle élevée dans leur propre condition d'existence, d'où son souci pédagogique d'éducation chrétienne pour tous (par la traduction de la Bible, la prière liturgique simplifiée, les cantiques, la prédication, les catéchismes, notamment). On ne peut donc pas dire que la critique de la vie monastique par Luther soit une critique de la mystique ascétique, c'est plutôt la libération de la mystique hors des monastères, pour permettre à tous de vivre une vie spirituelle d'un niveau élevé au cœur du monde et de la société. ». 

Alors Luther et Escriva, même combat? On le voit le centre de la pensée de Lther est la justification par la seule grâce de Dieu reçue dans la foi/confiance. La sanctification consite à laisser grandir cette confiance en nous, ce qui ne peut que produire des fruits d'amour. Quand on lit Escriva (je n'ai lu que des passages de ces ouvrages qui se trouvent tous sur Internet), on a l'impression qu'il se situe vraiment dans une théologie des oeuvres et du mérite. La sanctification du chrétien est très moraliste, et surtout elle est totalement prise en charge et encadrée par l'Eglise via l'opus Dei. Cf. ces pages terrifiantes sur le directeur de conscience à qui le "laïc" candidat à la sanctification remet entièrement sa liberté de conscience, qui fait froid dans le dos et montre comment l'opus dei cherche à avoir un pouvoir total sur les membres du mouvement :

 

"61

Quand un laïc s'érige en maître de morale, il se trompe fréquemment: les laïcs ne peuvent être que disciples.

 

62

Directeur. — Il t'en faut un. — Pour te donner, t'abandonner..., en obéissant. — Et un directeur qui connaisse ton apostolat, qui sache ce que Dieu veut, de sorte qu'il seconde, efficacement, le travail de l'Esprit Saint dans ton âme, sans te sortir de ton état..., en t'inondant de paix et en t'apprenant à rendre ton travail fécond."

 

 

 

 

 

 

 

 

     
     

 



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