Un Grand Architecte plutôt qu'un Dieu personnel ?

i lu avec attention la réponse que le pasteur Kraege fait à libertaire. Moi-même
aimerait poser une question:
On peut admettre qu'une intelligence soit à l'origine du monde, intelligence
pas forcément bonne et surtout évolutive. Mais pour autant, peut-on croire que
cette intelligence nous ait laissé un message à travers des témoignages, des
traditions fort anciennes censées exprimer quelque chose de cette intelligence, laquelle
aurait une volonté (?) sur l'homme ? Un grand Architecte, on peut l'envisager,
pourquoi pas ? Mais un Dieu qui parle à l'homme, c'est quand même une autre
paire de manches, non ? Disons que la présence de ce Dieu ne s'impose pas vraiment,
qu'elle ne "tombe pas de son poids" ! Qu'en pensez-vous, Pasteur Kraege ? merci
pour votre attention.
Bonjour fou-fou,
La première chose qui m’étonne dans votre proposition, c’est de voir
un Grand Architecte qui serait pure intelligence. Qu’est-ce qu’être pure intelligence
? On peut dire qu’un computer est pure intelligence. Mais il faut immédiatement
réduire considérablement le sens du mot intelligence. Car l’intelligence peut-elle
aller sans la volonté ? Un ordinateur ne peut pas choisir à moins qu’une volonté
lui ait appris que dans telle situation il faut choisir ceci plutôt que cela.
Un Grand Architecte sans volonté, je n’arrive franchement pas à le concevoir.
Ou alors il faut qu’il soit manipulé par une volonté que nous ignorons, mais
cela ne fait que repousser le problème d’un pas.
La seconde chose que j’aimerais vous faire remarquer – et c’est déjà
ce que j’affirmais à Libertaire -, c’est que vous partez d’une quête d’explication
de l’état du monde, des faits  objectifs Ÿ. Et votre raisonnement se cantonne
à ce domaine. Mais il n’y a pas seulement ce domaine dans une vie humaine ! Il
y a aussi la question essentielle du sens de ma vie pour que je ne la manque
pas. Immédiatement ce que je viens d’écrire nous fait découvrir qu’il y a aussi
une question cardinale : celle de la vérité (de notre vie et de la vérité tout
court).
Or pour répondre à la question du sens de ma vie, est-ce qu’une intelligence
pure suffit ? Certainement pas. Si j’en reste aux seules relations humaines,
c’est la rencontre avec un grand R d’un(e) autre qui soudainement redonnera
sens à ma vie. Le sens se dessine dans une relation Je-Tu et non Je-Cela pour
reprendre la terminologie de Martin Buber. Il en va de même si je cherche un
absolu qui donne sens à ma vie. S’il m’offre une théorie sur le sens de la vie
comme pourrait le faire un grand architecte (bien qu’il lui faille pour se faire me
parler, communiquer avec moi : difficile !), cela risque d’être assez peu impliquant
à long terme. Par contre si Dieu s’offre en tant que Tu, en tant qu’être personnel,
désireux de communiquer avec moi comme sens à ma vie, alors l’aventure vaut d’être
tentée.
Idem pour l’Esprit donateur-fondateur de vérité. S’il est pure rationalité,
il pourra subrepticement fonder mon intelligence des choses, mais ne pourra
guère me faire la promesse qu’il y a une vérité et que cela vaut la peine de
la chercher. Il ne pourra pas non plus devenir le fondement de ma vérité de vie.