Dieu peut-il tuer par l'intermédiaire d'un être humain pour rétablir un certain ordre?

Bonjour,

Il me semble qu'il faut être très prudent avec ce type de problèmes éthiques... En effet, il y a tant de gens qui commettent des actes de violence au nom de ce qu'ils croient être la volonté de Dieu! Il y a un très grand danger à se vouloir la "main armée de Dieu"....Tous les fanatiques de toutes les religions éliminent ceux qu'ils considèrent être des ennemis (d'eux-mêmes et de Dieu) en les tuant, croyant ainsi rendre un culte à Dieu... que ce soient certains évangéliques américains qui commettent des actes de violence contre des médecins pratiquant l'avortement, que ce soient des kamikazes islamiques qui provoquent des massacres au nom de Dieu... Sans compter toutes les personnes psychotiques ou schizophrènes qui peuvent entendre des voix intérieures qu'ils pensent être la voix de Dieu les incitant à éliminer quelqu'un...

Le garde-fou est de toujours rappeler que le commandement "Tu ne tueras pas" est absolu et donc qu'il nous interdit de manière stricte toute violence physique "au nom de Dieu"... 

Pour autant, votre question n'est pas totalement répondue avec cet argument. J'aimerais évoquer alors un cas-limite et très concret qui me semble exemplaire: Au fond, l'assassinat d'Hitler n'aurait-il pas permis d'éviter des centaines de milliers de morts? N'aurait-il pas été "juste" d'accomplir ce geste? N'aurait-ce pas été la volonté de Dieu? Un théologien allemand, Dietrich Bonhoeffer, s'est posé ces questions avant de décider de participer à un attentat (malheureusement manqué) contre Hitler... Son argumentation est remarquable, car nulle part, il ne glorifie son action comme étant la volonté de Dieu (car il sait que cela peut aboutir à tous les abus signalés plus haut, lorsque chacun se croit la main armée de Dieu....) Pour lui, le commandement divin est clair, mais dans notre monde pécheur, c'est-à-dire séparé de Dieu, où la violence et le mal peuvent faire des ravages dévastateurs, il lui a semblé, après délibération intérieure, qu'il fallait se "salir les mains", transgresser le commandement divin, car ne rien faire aurait conduit à pire encore... Il a donc choisi de passer à l'action, sans "sanctifier" son acte, mais au nom d'une réflexion éthique et d'un jugement sur le moindre mal... (c'est d'ailleurs comme cela que la tradition chrétienne a pu aussi établir des critères d'une "guerre juste", critères très stricts, qui ne servent normalement pas à justifier la guerre en tant que telle, mais à décréter que certains actes de violence peuvent être un moindre mal.... Le problème c'est que dans l'histoire ces critères moraux des théologiens se transforment vite en tous les excès que des guerriers peuvent commettre quand ils croient défendre une cause juste contre des ennemis!)...