Suis-je encore chrétien?
Ma question peut paraitre déroutante, et pourquoi pas absurde aussi mais je me permets de vous la poser.
peut-être pourrez-vous m'éclairer par votre réponse.
Voilà, je me demande si je suis encore chrétien?
A la question qu'est donc le christ pour toi?Je répondrais un sage,un philosophe peut-être,à la limite un prophete ou pourquoi pas le fils de Dieu spirituellement parlant.
Mais Dieu incarné j'ai du mal avec ce concept.
La lecture régulière des évangiles m'apportent beaucoup de bonheur,de paix et pas mal de questionnement aussi.
Ce qui me touche le plus dans le christ, c'est surtout son humanité et rien d'autre.
Tout le fatras théologique ainsi que la bimbeloterie catholique autour de jésus m'importe peu(je précise que je suis catho)
D'ailleurs, j'en veux un peu à l'église romaine d'avoir disons si j'ose dire, transformer le christ en personnage un peu fallot et agonisant sur sa croix, et d'avoir occulter son message profondément humain et toujours ouvert sur le prochain.
Bref, bien que je pense quel'évangile soit l'une des choses les plus civilisées en ce bas monde, j'ai du mal à me positionner sur le christ des théologiens et du concile de nicée, et bien que catholique de culture je ne sais trop en quel christ croire.
Celui du sermon sur la montagne oui absolument, celui de la sainte messe là je doute.
Est-ce grave docteur?

Bonjour.
Je voudrais d'abord vous remercier pour la réponse lucide que vous donnez à votre question « Pour moi, qui est le Christ ? ». Il n'y a pratiquement pas un seul mot que je n'aurais pas pu écrire moi-même. Le concept de « Dieu incarné » est en effet inacceptable. Il y a bien eu incarnation, mais c'est celle du « logos » de Dieu, que le prologue de Jean traduit par Parole ou Verbe, mais que je préfère appeler la « logique de Dieu » ou le projet de Dieu. Cette logique de Dieu est là dès le commencement, et elle s'est incarnée dans l’homme Jésus de Nazareth, devenu porteur de l'Esprit de Dieu à son baptême, tout en restant pleinement humain, comme vous le dites. Ce logos de Dieu, ce « Christ universel » peut chercher à s'incarner dans d'autres cultures et tradition. Pour nous, il a été révélé au mieux dans la personne de Jésus..
Comme vous, la dérive de la théologie chrétienne initiée au Concile de Nicée et imposée de force me reste aussi au travers de la gorge. Sa christologie a faussé toute l'histoire de l'enseignement de l'église, qui ne commence seulement à s'en dégager, même si elle reste la doctrine officielle de l'église catholique. Dans le courant du 20ème siècle, la plupart des théologiens s'en sont pourtant dégagé, les protestants mais aussi des catholiques tels que Hans Küng, et bien d'autres, fruits de Vatican 11. Ils ont hélas été depuis muselés par leur hiérarchie.
C'est la nature même de l'évangile de poser d'appeler questionnements.. On ne peut le lire et le relire qu'en arrêtant jamais de le mettre en question, car on est encore loin d'avoir découvert toutes se richesses et surtout ce qu'il a à nous dire dans les contextes successifs dans lesquels nous vivions.
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