Pourquoi adorer ou ne pas adorer Marie et les saints ?

       L'introduction du culte de Marie et des saints dans le christianisme a probablement répondu à un manque en matière religieuse. Toutes les religions introduisent, en effet, à un stade ou un autre de leur développement, des intermédiaires entre l'humain que nous sommes et l'Absolu. On estime en général que Dieu est trop lointain et qu'il faut des médiations pour nous approcher de Lui ou le rapprocher de nous. Il est plus facile de prier un saint qui nous ressemble quelque peu que Dieu qui est radicalement autre. Les christianismes primitifs affirmaient quant à eux qu'il n'y a pas d'autre intermédiaire entre Dieu et nous comme entre nous et Dieu que Jésus, le Christ (cf. I Timothée 2.5). Par ailleurs ils manquaient cruellement de figures féminines. Afin de gagner des adeptes, des responsables chrétiens se sont certainement dit qu'il valait la peine de faire des concessions aux besoins religieux de ceux qu'ils désiraient convertir. Assez rapidement on a toléré puis encouragé le culte de certains personnages exemplaires du christianisme passé ainsi que le culte marial.

       Si les protestants refusent tout culte des saints, c'est parce qu'il est incompatible avec ce que Dieu nous a révélé en Jésus-Christ et à quoi nous avons essentiellement accès par la Bible. Or comme la Bible nous dit que nous n'avons pas d'autre intermédiaire que Jésus, nous n'en avons pas d'autre. Par ailleurs, on peut constater - et les Réformateurs l'ont fait - que les religiosités qui rendent un culte à des saints ont fortement tendance à être envahissantes et à remplacer Dieu et le Christ par ces saints. Il n'est que d'entrer, aujourd'hui encore, dans certaines églises catholiques où ce qui frappe d'abord votre regard, c'est une énorme vierge trônant derrière l'autel et il vous faut chercher un crucifix qui se trouvera parfois perdu sur un bas-côté au milieu de quelques autres saints. Enfin derrière le culte de Marie et des saints, les protestants ont vu une défense de la justification par les œuvres et non par pure grâce. En effet, les saints et Marie sont censés avoir accumulé dans leur vie terrestre un certain nombre de mérites et nous pouvons leur demander de les mettre à notre disposition pour nous faire agréer de Dieu. Tout ce que nous ne pouvons mériter directement auprès de Dieu, nous pouvons prier les saints de le mériter pour nous. Or en protestantisme on ne peut en aucun cas se faire valoir auprès de Dieu par quelque mérite que ce soit. Si tel était le cas, ce serait rendre vaine la mort du Christ pour nous.