Qu'est-ce qu'un chrétien pratiquant et à quel moment?

Il y a une sorte de paradoxe dans la foi chrétienne : Les gestes les plus importants sont d’ordre personnel comme la prière, la méditation sur soi, sur Dieu ou encore la recherche de paix pour soi-même et pour son entourage ; la liste n’est pas exhaustive. Pourtant « pratiquer sa foi » ne peut pas faire l’économie d’une certaine dimension collective. La Cène (ou l’Eucharistie, comme disent nos amis catholiques) ne se prend pas solitairement, la lecture de la bible est plus vivifiante à plusieurs, sans parler de l’amour du prochain qui nous ouvre vers l’extérieur.
Bref, c’est là que commencent les problèmes !
L’autre jour, j’ai voulu me brancher sur Internet depuis un hôtel. Dès sa mise en marche, ma petite antenne m’indique que j’étais relié à un circuit. Chiche, je vais me brancher directement à questiondieu.com pour répondre à quelques questions intéressantes. « Indiquez votre mode de paiement svp ! » Ah bon ! Voilà une drôle d’idée pour moi qui confie à mes voisins un mot de passe pour qu’ils puissent surfer ! Je consulte donc la rubrique prix : 30 centimes la minute ! 100 minutes représente presque mon abonnement mensuel ! Autre choix, 53 francs pour 200 heures ! Vlan… j’ai déconnecté aussi sec mon antenne portable !
Il y a malheureusement des mouvements religieux où la « pratique » se mesure aux « dons » que vous apporterez. Cela révèle certainement un potentiel sectaire important que le mouvement contient en lui-même.
À l’inverse, prétendre qu’il n’y a aucun barème d’aucune sorte, que seul compte votre salut, « votre bien-être spirituel » a beaucoup de chance d’être un pieux mensonge. L’engagement – je colorie déjà un peu la notion de pratiquant – c’est un échange, rien n’est « gratuit », on attend toujours aussi quelque chose de vous ! Toute structure a besoin d’argent, mais il y a tant d’autres choses à côté de l’argent : vos qualités, votre dynamisme, votre entrain, vos dispositions et votre temps, votre savoir faire, etc.
L’envie de s’engager, le désir de donner et de recevoir, cela ne se codifie pas. Par contre, nos églises doivent apprendre à indiquer toujours plus clairement ce qu’elles souhaitent offrir comme ce qu’elles attendent des personnes qui décident de faire un bout de chemin avec elles !
Mais, avant tout, le Salut – quel que soit le contenu que vous mettez dans ce mot ¬– est donné, non par les églises, mais par Dieu ; c’est le fondement incontournable de tout groupement qui se dit chrétien.
Là-dessus j’aimerais encore préciser que la « pratique de la foi » varie durant notre vie ! Je ne saurais en effet croire à quarante puis à soixante ans comme j’ai cru à 20 ans !

Amicalement, Pierre Dürrenmatt

PS. Les églises sont composées de mouvements qui se concentrent sur des objectifs plus spécifiques ; souvent actifs et présents dans le domaine social – et en plus œcuméniques – ils permettent d’être pratiquant-e sans devoir embrasser toute une église ou une confession !