Pourquoi me convertir si je ne ressens rien pour Dieu et pour la Bible?
Désolée d'avance ça va être long. Donc j'ai 26 ans et je viens d'une famille de chrétiens, mais ça ne s'est pas toujours bien passé (on va dire que mon père et ma mère n'ont pas la même vision de la foi, le premier est assez "extrémiste", la seconde plus laxiste) et évidemment depuis toujours je suis amenée à me convertir, sauf que je n'y arrive pas, j'évite autant que possible de parler de ça, j'esquive l'assemblée depuis presque 15 ans maintenant. J'y suis allée récemment "pour voir" si il n'y aurait pas un déclic, une révélation, mais non, toujours ce sentiment de malaise que j'ai depuis longtemps, ce sentiment d'être un mouton noir dans un troupeau peints de blanc (je dis bien peint, parce que je sais que même les chrétiens ne sont parfaits, mais au moins ils essaient).
Puis moi je cumule tous les défauts, je suis assez rebelle, très fermée aux autres (pas misanthrope mais bon, je suis pas mère Thérésa c'est clair, je préfère les animaux en fait), un peu "gamine" sur les bords (on me dit "éternelle ado"), j'aime jouer à des jeux vidéo et écouter du rock, je regarde pas mal de mangas (paraît que c'est mal) et je m’intéresse beaucoup aux mythologies antiques (donc aux autres dieux).
Pour être honnête, j'aime beaucoup la philosophie "Wicca" et souvent j'ai du me retenir d'aller en savoir plus, de pratiquer leur magie, etc, de peur de devoir porter ce lourd secret auprès de ma famille (parce que si ils savent ça je pense qu'ils vont vraiment mal le prendre après tout ce qu'ils ont fait pour essayer de me convertir).
Mais voilà, je n'arriverai pas me forcer à lire la Bible, je n'arrive pas croire tout ce que dit ce livre, et même les passages avec Jesus je ne ressens rien, juste beaucoup de jugement sur les humains, les pécheurs etc, faut se repentir et changer, je m'en sens pas capable.
Le Dieu des chrétiens je n'arrive pas l'aimer comme Il le demande, je ne veux pas me voiler la face (et je ne veux pas Le connaître via un bouquin, c'est écrit de main d'homme ça ne peut pas être sacré et infaillible...).
Et puis j'aime des choses que la Bible condamne (c'est pas faute d'avoir prié pour que Dieu me change, mais après des années sans réponse je pense que la nouvelle naissance n'est pas pour moi), alors dois-je continuer à faire semblant, à me retenir pour rien parce qu'au final Dieu voit les cœurs?
Vivre en sachant que je suis perdue, à quoi bon? Pourquoi continuer à suivre une morale qui ne sert que pour les croyants qui se savent sauvés? L'immense majorité des gens ne le seront pas, c'est la triste réalité et je serai sûrement dedans alors j'hésite, j'ai envie de découvrir toutes ces religions et ce que les gens qui les pratiquent pensent du monde, de Dieu, des chrétiens, j'ai que le point de vue des chrétiens aujourd'hui et c'est pas toujours très tolérant de leur côté...
Je sais que c'est dur à imaginer pour vous les pasteurs, de ne pas aimer lire la Bible où avoir du mal à s’imprégner de la philosophie chrétienne (surtout que je baigne là dedans depuis l'enfance j'ai aucune excuse) mais justement, à trop vouloir me mettre là dedans et m'interdire l'accès à d'autres modes de pensées, ça m'a juste donner encore plus l'envie de découvrir cet envers du décors. Je suis tiraillée entre ce désir de découvrir ce qu'il y a "de l'autre côté" et la peur du regard de ma famille si ça se sait ou simplement de la peur du regard de Dieu qui Lui, saura de toute façon.
Merci pour votre long récit sur vous-mêmes.
Tout ce que vous écrivez est parfaitement compréhensible, si on imagine Dieu comme un grand inquisiteur, un juge irrépréhensible, qui condamnerait ceux qui ne suivraient pas ses voies, et appellerait chacun à se conformer à ses vues. Dans ce cas, en effet, la Bible serait une sorte de code des obligations, qui nous dirait ce qu’il faut faire et ne pas faire, un règlement dans lequel personne n’aurait envie de mettre le nez (et moins encore le cœur), sauf des sortes d’inspecteurs de police religieuse qui y chercheraient les articles de la loi à opposer à ceux qu’ils considéreraient en contradiction avec le projet de Dieu...
Or il n’en est pas ainsi ! Dieu vous aime – comme il aime chacun et chacune – telle que vous êtes, quoi que vous fassiez : il n’est pas besoin de « se repentir et changer » (comme vous dites) pour mériter son approbation. Au contraire, Dieu nous aime le premier, alors mêmes que nous sommes encore ses ennemis.
On peut à cet égard citer la Bible, où Paul atteste longuement :
« Quand nous étions encore incapables de nous en sortir, le Christ est mort pour les pécheurs au moment fixé par Dieu. C’est difficilement qu’on accepterait de mourir pour un homme droit. Quelqu’un aurait peut-être le courage de mourir pour un homme de bien. Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. Par son sacrifice, nous sommes maintenant rendus justes devant Dieu. Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils. A plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par la vie de son Fils. » (Romains 5,6-10)
Ce n’est que parce que l’amour de Dieu est préalable, et que nous n’avons rien fait pour le recevoir, que nous pouvons à notre tour mettre notre confiance en lui et l’aimer. Dans cette relation, nous comprenons alors que, par cohérence avec cet amour qui nous submerge, certains de nos comportements ont à changer. La conversion, la « nouvelle naissance » n’est donc pas une condition préliminaire pour le salut. C’est le contraire : c’est parce que les chrétiens savent qu’ils sont aimés et sauvés gratuitement, quels que soient leurs comportements, qu’ils peuvent se mettre à tenter de vivre conformément à cette logique, et en faire le récit à travers leur existence.
S’il n’y avait pas ce fondement premier sur lequel tout repose, la morale serait en effet une attitude postiche, collée sur notre être profond, un camouflage hypocrite...
Ce n’est donc pas le regard des autres, ou la conformation à notre milieu, qui doit nous pousser à vivre d’une certaine manière, mais seulement la certitude qu’un amour plus grand que tout nous inonde, qui vient de Dieu, et qu’il demeure quelles que soient les attitudes que nous adoptons et les chemins que nous suivons.
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