L'évangile selon Jean et l'ouverture aux autres religions
Je suis en plein questionnement à propos d'un passage de l'Evangile de Jean (ch.14, versets 1-7).
Dans son livre "Chevaucher le vent", l'auteur Marc de Smedt cite la parole de Jésus "il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père" et l'interprète comme une ouverture à différentes voies spirituelles ou différentes manières de s'engager dans l'existence qui correspondraient chacune à l'éveil d'un type de personnalité. Autrement dit, les différentes religions et pratiques spirituelles seraient toutes valables à leur manière pour "entrer dans la maison du Père".
Pourtant, en recherchant le passage de la Bible d'où cette phrase est tirée, j'ai vu que quelques versets plus loin, Jésus disait: "Je suis le chemin, je suis la vérité, je suis la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par moi." Cette parole me semble être en contradiction avec l'interprétation d'ouverture aux autres religions. C'est comme si Jésus disait qu'il faut absolument croire en lui pour arriver au Père, ce qui n'est pas le cas des non-chrétiens.
Quel éclairage pouvez-vous donner de ce passage de l'Evangile de Jean? Est-il possible d'interpréter la deuxième parole de Jésus dans un esprit d'ouverture aux autres religions? L'interprétation ouverte de la première parole citée vous parait-elle plausible?
Merci d'avance!
Myriam
Bonjour Myriam,
Merci beaucoup de votre question et bravo pour votre lecture attentive des Écritures.
Effectivement, interpréter fidèlement un verset biblique ne peut pas de faire sans connaître, comprendre et respecter son contexte. C’est ainsi qu’il faut d’abord se souvenir que l’Évangile selon Jean est un témoignage rendu à Jésus, reconnu comme le Christ de Dieu. Sa préoccupation ne porte pas sur ce que nous appelons aujourd’hui le dialogue interreligieux. Pas plus que la question d’une ouverture à d’autres religions n’est pertinente pour lui. Il est vrai que l’évangéliste plaide pour un pluralisme avec son image sur les pièces différentes d’une même maison, mais il défend un pluralisme à l’intérieur du christianisme. Il faut réaliser que dès les débuts, celui-ci est pluriel. Car, si tout le christianisme confesse la centralité de Jésus pour la foi, il est plus nuancé quant à la compréhension exacte de sa personne. Le simple fait que notre Bible contienne quatre Évangiles en est la preuve la plus immédiate. Or, la vision johannique de Jésus est minoritaire dans ce christianisme naissant. Et celui-ci n’échappe pas à la tentation de vouloir réduire la foi en Christ à une même approche. Lorsque l’évangéliste rapporte cette parole : « il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père. » c’est une pluralité d’approche de la personne de Jésus qu’il défend.
Je ne connais pas l’ouvrage dont vous parlez, mais il me semble que l’on peut parler de surinterprétation. C’est-à-dire que son interprétation n’est pas fausse, mais qu’elle va trop loin par rapport au texte.
Est-ce à dire que le Nouveau Testament est contre le dialogue interreligieux et ne présente qu’une vision exclusiviste du christianisme ? Pas davantage bien sûr. Il suffit de se souvenir de l’attitude de Jésus dans trois rencontres significatives : celle avec le centurion romain (Luc 7), celle de la samaritaine (Jean 4) et celle de la cananéenne (Mathieu 15,21). Dans les 3 cas, Jésus rencontre des personnes de religion différentes qui peuvent être qualifiées d’impures à cause de cela (Math 15). Cette différence n’empêche ni la rencontre, ni le dialogue, ni l’action et sans exiger de conversion en retour. A méditer, non ?
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