Le Christ veut-il que j'aime tout le monde?

>Aimer tout le monde de la même manière, chacune et chacun sait bien que c'est
impossible. Le Christ ne nous demande pas de nous sentir misérable en voyant
que nous n'arrivons pas à réaliser cet amour. C'est vrai que l'amour des ennemis
est une dimension extraordinaire de l'éthique chrétienne et des exigences du
Christ, mais cela ne se réalise pas dans le fait de ne pas critiquer les autres,
par exemple. Il y a même une saine critique, à mon avis. Et je peux me fonder
sur la Bible pour l'affirmer: Ezéchiel 3,17-21 dit: "Tu es un guetteur pour alerter
le peuple d'Israël. Tu écouteras mes paroles et tu transmettras mes avertissements
aux Israélites. Supposons que j'aie à prévenir un méchant qu'il va vers une
mort certaine: si tu ne l'avertis pas d'avoir à changer sa mauvaise conduite afin
qu'il puisse vivre, ce méchant mourra à cause de ses fautes, mais c'est toi
que je tiendrai pour responsable de sa mort. Par contre, si tu l'avertis et
qu'il ne renonce pas à sa méchanceté et à sa mauvaise conduite, il mourra à cause
de ses fautes mais toi, tu auras préservé ta vie." Il existe une saine critique,
un sain avertissement.
Attention, je ne cite pas ce texte pour en rajouter une couche de poids moral
ou de culpabilité. Ce que je veux dire par la référence à ce texte, c'est surtout
que l'amour peut aussi s'exprimer par un désaccord ou un reproche. Les relations
humaines ne sont jamais lisses d'un bout à l'autre. L'amour exigé est celui de
vivre en vérité devant Dieu et avec les humains et de se dire les choses selon
cette conviction et ce projet.
Il s'agit avant tout de vivre et de maintenir des relations profondément respectueuse:
cet autre qui est devant moi et qui m'énèrve est digne de l'amour de Dieu. Cette
réflexion, c'est déjà le début de l'amour du prochain et de l'amour de l'ennemi.