Pourquoi Jésus ne fait-il plus de miracles dès sa condamnation ?

et assassiner sans rien faire nous dérange; mais je ne suis pas tout à fait
d'accord lorsque vous dites que Jésus change de personnalité, perd son pouvoir,
au moment de sa condamnation. Il y a plusieurs cas, dans les Evangiles, où Jésus
renonce à faire des miracles - le cas le plus célèbre est celui de Mt 4, où
Jésus refuse de faire les miracles que lui propose le tentateur. De manière
générale, il ne fait que très peu de miracles par rapport à ce que les gens qui
vivaient à l'époque de la rédaction des Evangiles auraient pu attendre. C'est
donc bien là le signe que les miracles, venant de Jésus, ne doivent pas être
compris comme un pouvoir, mais plutôt comme une manière de montrer de quel Dieu
il veut nous parler : d'un Dieu qui ouvre des chemins de vie insoupçonnés, qui
redonne l'espoir à ceux qui l'avaient perdu, qui met de l'amour là où il n'y
avait que jugement et exclusion.
De plus, son attitude devant ses accusateurs, au moment de son arrestation,
me paraît cohérente avec ce que le reste des Evangiles en disent. En effet,
sans cesse, Jésus retourne les valeurs humaines, bouleverse les idées reçues,
renverse les conventions; et ceci toujours dans le but de mettre l'amour et la liberté au
coeur des relations humaines. En ne cherchant même pas à se défendre, en mourant
piteusement sur une croix, c'est exactement ce renversement qu'il continue à
opérer : le Dieu dont il veut nous parler est puissant dans la faiblesse et le
dénuement; il ne cherche pas à prendre le pouvoir par la force, il se met au
niveau non pas des puissants, mais des faibles, de ceux qui ne peuvent pas se
défendre, de la lie de l'humanité - et cela volontairement, jusqu'au bout, quelles qu'en
soient les conséquences (en l'occurence, la mort, le supplice). Un Jésus qui
se serait sauvé de la croix, cela aurait donné un Jésus superman, puissant à
la manière humaine... donc incapable de s'assimiler vraiment, jusqu'au bout, à
ceux qui n'ont rien.
Mais il y a encore un miracle dont il ne faut pas oublier de parler, c'est le
tout dernier : celui de la résurrection ! Car c'est là que prend tout son sens
cette puissance dans le dénuement dont je viens de parler : malgré la honte,
le supplice et la mort, la vie a pu renaître... pas comme nous l'aurions attendu...
mieux encore que tout ce qu'on aurait pu attendre...