Que pense le protestantisme de la "gestation pour autrui?"

Bonjour,

Comme toujours, sur ces questions, les Eglises protestantes ne légifèrent pas...Elles tentent plutôt d'argumenter pour que chacun puisse en conscience se forger ses propres convictions.

Je ne crois pas que nous puissions nous référer pour ce thème aux arguments bibliques que vous évoquez, tellement la société a évolué. En effet, dans les récits de l'Ancien Testament, l'important était de procréer, la stérilité était une malédiction, et tous les moyens étaient bons pour parvenir à ce but, y compris  une forme proche de la "mère porteuse" liée du reste à la polygamie. Si l'on tire de ces textes une autorisation pour la question actuelle de la "gestation pour autrui", il faudrait alors rétablir la polygamie! on voit que ce n'est pas acceptable!

 Je n'ai rien contre les traitements contre la stérilité et je ne suis pas partisan de n'autoriser aucune intervention "technique" pour lutter contre la stérilité (à ce moment-là, il faudrait renoncer à tous les soins pour laisser faire la nature!), mais je pense qu'il y a de sérieux problèmes éthiques avec la "gestation pour autrui": D'abord, c'est souvent lié à un problème "marchand"...Des personnes stériles (ou ne pouvant vivre une grossesse) "achètent" le corps d'une femme pour procréer un enfant! Cette dimension mercantile est proche d'une certaine forme d'esclavage pour la personne qui "vend" ainsi son corps... Et là je pense qu'il y a un très grand problème moral! Et même s'il n'y a pas cette dimension financière, il y a le risque de considérer la "mère porteuse" uniquement comme un "réceptacle" pour l'enfant à naître, or l'on sait bien qu'il se passe beaucoup de choses entre un enfant et la mère qui le porte au temps de la grossesse! Toute cette dimension affective est effacée au profit d'une vision purement "technique" du corps de la femme...et cela me paraît moralement douteux et dangereux aussi psychologiquement : pour la mère porteuse d'abord qui devra se séparer de cet enfant qu'elle a porté, pour l'enfant ensuite dans la construction affective de son identité et pour les "parents" demandeurs enfin qui font passer leur désir d'enfant avant toute autre considération...