La lampe est traditionnellement celle qui permet de s’orienter dans le monde, dans ses ténèbres. Elle est la lampe qui permet au « corps », c’est-à-dire à la personne de s’orienter dans sa relation à tout ce qui lui est extérieur : les autres, la loi, le monde naturel… (cf. 5.29, 30 ; 6,25 ; 10,28 etc). Cette lampe, c’est l’œil. Dans la tradition juive, l’homme semble être tout entier concentré dans son « œil » comme aussi dans son « cœur ». L’œil, en effet, fait le lien entre l’intérieur de l’homme et ce qui lui est extérieur. L’œil devient ainsi synonyme de volonté et d’intentionnalité. Si l’intentionnalité de l’homme est « simple », elle est dirigée dans la bonne direction. « Simple » signifie « non-divisée ». Si donc ma vie est dirigée dans une seule direction, elle est bonne, sinon toute ma personne sera dans la nuit. Le « mauvais » œil est celui qui louche vers le mal et entraîne l’homme dans des voies tortueuses. La bonne direction à donner à ma vie est bien naturellement, dans la bouche de Jésus et dans l’évangile de Matthieu, celle de Dieu et de sa volonté. Nous avons ici l’équivalent du résumé de la première table de la loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta vie et de toute ton intelligence » (Mt 22.37 ; cf. Dt 6.4-5). Si donc ce qui te fait vivre au fond de toi (la lampe qui est en toi) est obscur, divisé, dans quelle nuit vivras- tu ! Par contre si ton attention est tout entière dirigée vers Dieu, tu vivras bien.