Faut-il combattre l'intolérance religieuse?

la triste réalité, non?Ÿ. Réalité? NON !
NON! La foi n'est pas une condition pour éviter d'aller en Enfer. Et d'abord,
quel Enfer? C'est cette idée qui, pour moi, représente un enfer et éloigne de
Dieu, du Dieu de miséricorde qui se propose à l'homme, mais qui ne s'impose
pas.
NON! La Grâce n'est pas un mérite. Je cite: le seul moyen de salut c'est par
la Grâce, de croire que Christ est mort à notre place et ressuscité.Ÿ Pourquoi
parlez-vous de Grâce puisque seuls ceux qui croient seront sauvés, d'après vous?
Cette contradiction dans vos propos met en évidence votre peur profonde d'un Dieu qui rend
libre. Or, la Grâce est un don que Dieu me fait, il est absolument gratuit,
sans prix à payer, et il s'adresse à tout homme.
La foi est la confiance en Dieu, la certitude qu'Il est à mes côtés et de mon
côté, quoi que je fasse et quoi qu'il m'arrive, malgré mes faiblesses et mes
doutes, et l'assurance qu'Il m'accepte tel(le) que je suis: pauvre, riche, heureux,
malheureux, marié ou célibataire, hétérosexuel et homosexuel, blanc ou noir, femme
ou homme, petit ou grand etc. Et il sera à mes côtés jusqu'au bout: il ne met
pas de condition à cet accueil, ce sont les hommes, ceux qui ont peur, qui entretiennent
cette idée. Parler à la place de Dieu, se prendre pour Lui, c'est en faire un
moyen pour contrôler l'autre (vie familiale, moeurs etc.): or Dieu nous veut
libres, libres de vivre notre vie, de croire ou non en Lui, mais c'est Lui seul
qui peut nous accorder la chance de croire en Lui, si nous répondons à Son appel.
Pour aller un peu loin dans la réflexion, je pense qu'il manque une théologie
à la pensée évangélique, une théologie qui gommerait ces contradictions et ces
prises de position tranchées et en rupture nette avec la société actuelle, que
Dieu accompagne et soutient, pourtant. Mais j'espère, le jour où une telle théologie
prendra forme, qu'elle ne sera pas une théologie de la peur. Déjà, certains
slogans apparaissent sur des tracts évangéliquesŸ distribués: Libérer le paysŸ,
Doublons la pressionŸ, Sollicitons des renforts jusqu'à la victoireŸ, Ne nous laissons
pas agresser par les murs de ce monde sans réagirŸ. Je m'interroge: en quoi
mon voisin homosexuel m'agresse-t-il par sa vie privée, dans la mesure où il
me respecte? Que son comportement me pose un problème éthique, je le conçois,
mais en quoi sa personne est-elle méprisable, et tous les gens comme lui, autrement
dit ce mondeŸ? A trop généraliser, on devient misanthrope, et le mondeŸ, dont
je fais sans doute partie, se transforme alors en Ennemi à combattre. Ce sont des
paroles de guerre, et j'en frémis.
Proclamer la Bonne Nouvelle est une chose, vouloir l'imposer de force en est
une autre. Un parti politique évangéliqueŸ existe en Allemagne: la politique
au service de la foi? C'est cela qui me fait peur, comme tous les discours de
haine et d'exclusion que l'on entend dans ce monde, notre monde à tous, un monde
que Dieu aime pourtant, qui n'est certes pas parfait, mais qui est rempli de
gens de bonne volonté qui veulent croire et faire croire, malgré tout, que la
vie vaut la peine d'être vécue, puisque Dieu nous aime inconditionnellement.
Il est de notre responsabilité de réfléchir à cette question, car les mots Bonne
NouvelleŸ, DieuŸ et EvangileŸ sont parfois brandis par certains comme des
armes, qui leur servent aussi de bouclier: en effet, qui oserait s'en prendre
à des gens qui utilisent le mot AmourŸ et le mot prièreŸ dans leurs discours?
Je pose une autre question: qui osera combattre ces guerriers de l'Evangile
qui semble oublier que seul Dieu est juge, et que tout homme est respectable,
par sa condition même d'être humain, croyant ou non?
Caro, préoccupée par le retour en force de l'intolérance religieuse dans le
monde protestant et dans les religions en général.
Chère Caro, c'est volontiers que je reprends votre question, qui me paraît émaner
d'une préoccupation profonde et réelle. L'intolérance dont vous faites état,
je la rencontre souvent. Mais je dois dire aussi que je rencontre encore davantage
de personnes dont la prétendue "tolérance" ne représente guère plus qu'une indifférence ...
et qui sont prêts à se "réveiller" dès qu'on touche des points sensibles.
Ceci pour dire que je vois dans cette "intolérance" plutôt un trait de caractère,
que -je vous l'accorde- certains mouvements cultivent, voire encouragent.
Mais reconnaissons qu'on la retrouve partout, cette intolérance: partout où
il y a des êtres humains:
Je la perçois chez certains descendants de réfugiés cévenols en Suisse Romande,
dès qu'il est question d'oecuménisme.
Je la perçois chez des théologiens, exprimée de façon plus subtile.
Je la perçois encore chez des amis catholiques-romains, capables de faire 200km
pour entendre une messe grégorienne en latin.
On la retrouve chez des fanatiques musulmans, bien sûr, mais aussi dans les
formations politiques: communistes, voire socialistes, quand ce n'est pas -comme
vaudois et suisse, j'y suis très sensible- chez certains tenants de la laïcité
à la française.
Bref, que faire là-contre, et comment réagir, notamment face à nos "intégristes
du monde protestant"?
- Susciter des "contre-mouvements" combattifs et "contre-agressifs"? Serait-ce
vraiment une solution chrétienne? Ces "contre-mouvements" n'en arriveraient-ils
pas rapidement à une "contre-intolérance"?
- Ne vaut-il pas mieux tenter de les intégrer à nos combats concrets (par exemble
contre la pauvreté ou pour un projet humanitaire) ... ou -pourquoi pas- entrer
dans leurs combats, à plusieurs, bien sûr, en apportant les nuances nécessaires
quand cela s'impose?
Je peux témoigner qu'il vaut parfois la peine de prendre une année pour réfléchir
ensemble à une action d'évangélisation. Je ne me prononcerai pas sur les résultats
finaux de cette action, mais en cours de préparation, une confiance a pu s'établir,
grâce à une meilleure connaissance les uns des autres; certes, il y a eu un
ou deux départs du groupe, ce qui est bien peu; la plupart ont réalisé qu'en
fait, ils portaient un masque pour se protéger ... et qu'en retirant le masque,
on rencontre mieux son prochain.