Se fondre dans le moule?
De plus, ceci mis en parallèle avec l'épître aux Ephésiens, présentant l'Eglise comme une "société alternative" ou chacun a sa place, qu'il soit juif ou païen, et pour aujourd'hui qu'il soit de n'importe quelle couleur et/ou culture, me fait me dire que les églises locales font peut-être fausse route? Je ne dis pas cela pour moi uniquement, mais plutôt que de demander aux jeunes convertis, au marginaux et aux jeunes de se confondre au moule local, ne devrions-nous pas les accepter tels qu'ils sont? L'Eglise se forme-t'elle d'après les gens que Dieu y ajoute, ou les gens se fondent-ils dans le moule que propose l'Eglise?
Sans être fermé à la discussion, j'ai mon avis sur la question, mais il me semble important de confronter nos opinions! Car il me semble que nous ne devrions pas attendre des autres qu'ils adoptent un certain standard vestimentaire, de langage, ou de comportement. Il me semble que ce qui doit nous transformer, c'est l'action de l'Esprit en nous, et non l'influence de l'Eglise pour tendre vers le politiquement correct. Dieu ne nous a-t'il par donné des goûts et une personnalité qui nous est propre?

Bonjour,
Vous posez la question de la diversité culturelle, éthique, voire théologique dans la communauté locale. C'est une question importante, mais que je trouve assez difficile à résoudre! Je ne m'arrêterais pas sur le verset que vous mentionnez, vous avez raison, il s'agit là de l'actvité apostolique et ce verset tombe à côté s'il est utilisé pour le "converti" qui devrait accepter le moule! C'est plutôt l'apôtre qui a conscience que les convenances sociales, religieuses, les différentes cultures risquent de se transformer en séparations radicales entre les êtres humains, et qu'il a donc à faire l'effort de sortir de son milieu d'origine ou d'habitude pour rejoindre l'autre là où il se trouve et dans ses catégories pour apporter le message du Christ qui dépasse toute frontière "naturelle" ou "de société". C'est donc un plaidoyer pour le mélange, la mixité, l'accueil des différences au sein de l'Eglise. Vous évoquez Ephésiens, on pourrait aussi penser à Galates, quand Paul affirme qu'il n'y a plus ni juif ni grec, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme mais que tous sont uns en Christ : toutes les fractures religieuses, sociales, "de genre" qui sont souvent si importantes dans toute société sont donc dépassées par une unité englobante en Christ.
Je crois que c'est l'essence du message chrétien, je disais en préambule que cela était difficile à résoudre, car historiquement et sociologiquement, la "réalisation" pratique de telles communautés "intégratives"n'est pas évidente. Dans les épîtres, il me semble que les lettres aux Corinthiens posent des jalons en fonction des problèmes de l'époque de Paul qui pourraient être actualisés pour notre temps: il associe une très grande liberté de conscience de chacun dans sa façon de vivre avec une responsabilité vis à vis des membres les plus fragiles de la communauté. En gros : liberté et amour (ou respect). Ce sont des principes qu'il faudrait appliquer au cas par cas! Je pense quant à moi qu'il y aurait une culture de la parole, de l'échange, du débat qu'il serait bon de cultiver dans nos communautés où souvent les diktats et les anathèmes l'emportent sur l'effort de compréhension en profondeur de l'autre dans sa manière différente de vivre la foi ou de vivre sa vie tout court....Dans nos contrées, les Eglises protestantes "traditionnelles" sont assez ouvertes sur la gestion des différences doctrinales, voire éthiques, c'est le reste de l'esprit "multitudiniste", mais elles ont une homogénéité sociale et culturelle qui ne laisse quasi pas de place aux gens de la marge, notamment aussi dans la manière de célébrer les cultes... Les Eglises "libres" ont quant à elles plus de liberté et d'imagination dans ce domaine, mais sont très fermées à la pluralité éthiques et dogmatiques... Il y a donc un large travail à effectuer pour que les communautés locales retrouvent l'élan de l'Esprit qui dépasse les divisions des sociétés humaines.